LE MONDE
Par Alain Faujas – Publié le 01 février 2012 à 14h21 – Mis à jour le 01 février 2012 à 14h33
L’indice de la Banque mondiale est en recul de 8 % au dernier trimestre 2011.
C’est une bonne nouvelle pour les pays pauvres importateurs de produits agricoles : la Banque mondiale constate une baisse des prix alimentaires et annonce que “la perspective de leur recul en 2012 est favorable”.
En effet, l’indice des prix alimentaires mondiaux, publié mardi 31 janvier par l’institution, fait apparaître une baisse de 8 % au dernier trimestre 2011. Cet indice est revenu 14 % en dessous de son pic de février 2011 et 7 % en dessous de son niveau de décembre 2010.
Cette évolution s’explique par des récoltes en augmentation – et qui promettent de le demeurer cette année -, par la faiblesse de l’économie, notamment dans les pays développés où la demande faiblit, mais aussi par la baisse des prix de l’énergie.
Il faut pourtant relativiser cette baisse, puisque l’indice de la Banque demeure en augmentation de 24 % en moyenne pour 2011 comparé à l’ensemble de l’année 2010. Cela confirme les chiffres publiés, en décembre, par Olivier de Schutter, rapporteur spécial de l’ONU pour le droit à l’alimentation, qui faisait état d’une hausse de 30 % en 2010 de la facture des denrées alimentaires pour les pays les plus pauvres.
La Banque relève que les prix du blé ont progressé de 88 % en Biélorussie et de 23 % en Ethiopie, de décembre 2010 à décembre 2011 ; ceux du riz, de 81 % en Ouganda et de 56 % au Malawi ; ceux du maïs, de 117 % au Kenya et de 106 % au Mexique ; ceux du sorgho, de 57 % au Burkina Faso et de 28 % en Ethiopie.
Otaviano Canuto, vice-président de la Banque, chargé de la réduction de la pauvreté, appelle donc les gouvernements “à protéger les populations menacées de malnutrition et de famine” par ces prix élevés. Il suggère de mettre en place des programmes d’alimentation scolaire et même des aides financières pour les plus démunis.
Car la situation alimentaire demeure fragile, même si 2012 s’annonce sous de bons auspices. Parmi les risques, la Banque cite “une éventuelle hausse de la demande de biocarburants si les cours du pétrole progressaient encore, des stocks de maïs très bas par rapport à la demande, la volatilité des cours du brut due aux conflits dans les pays producteurs, et les changements climatiques”.
SÉCHERESSE OU GEL
Le phénomène météorologique la Nina fait déjà sentir ses effets en raréfiant les pluies et en menaçant les récoltes argentines et brésiliennes de maïs et de soja. En Europe, la vague de froid sibérien pourrait entraîner dans les prochains jours des pertes significatives de récoltes de céréales.
Ces menaces sur l’offre expliquent la grande volatilité des prix agricoles. Ceux-ci montent et baissent en fonction des prévisions météorologiques, mais aussi des annonces politiques comme celle d’un projet de taxe à l’exportation sur les céréales à l’étude en Russie.
Cette volatilité est catastrophique pour les populations très pauvres, dont l’essentiel des revenus sont consacrés à l’alimentation et qui ont peu de produits de substitution à leur disposition.
Alain Faujas